Augmentation des "contrats courts" depuis 1990

, par Benjamin W. Shevek

Une note publiée par la DARES éclaire l’augmentation des "contrats courts" qui, dans la fonction publique comme dans le secteur privé, concernent davantage les jeunes, les femmes ou les salariés les moins qualifiés.

D’après la DARES, 16% des agents de la fonction publique étaient en "contrat court", en mars 2002

« Beaucoup de choses dans la vie sont précaires. La santé, c’est précaire. L’amour, c’est précaire. La vie d’une entreprise, c’est précaire. Le travail peut avoir une forme de précarité. »

Laurence Parisot, Présidente du MEDEF, Le Point n°1720 du 1er septembre 2005, page 66.

Augmentation des emplois précaires

La DARES a publié en janvier 2006 une note [1] qui fait la synthèse de l’évolution entre 1990 et 2002 de l’emploi précaire, dans la fonction publique notamment.

Les différents contrats précaires

Dans la fonction publique, les contrats courts sont les contrats à durée déterminée (CDD), les vacations, les stages et les contrats aidés (contrat emploi-solidarité (CES), Contrat Emploi Consolidé (CEC), emploi jeune, etc.). Dans le secteur privé, les contrats courts sont les contrats à durée déterminée, l’intérim et les contrats aidés.

Il faut maintenant ajouter à la liste les nouveaux contrats [2] : CNE, CPE, et autres "CDD seniors"...

Les contrats courts concernent davantage les jeunes, les femmes et les salariés les moins qualifiés

Dans le public comme dans le privé, les contrats courts concernent principalement les plus jeunes. Ainsi, les jeunes entre 15 et 29 ans représentent 49% des contrats courts dans la fonction publique et 59% dans le secteur privé.

Par ailleurs, les femmes sont sur-représentées (entre 5 et 10 points) dans ces emplois précaires lorsqu’on compare avec les emplois pérennes des secteurs concernés (65% des contrats courts de la fonction publique et 45% du secteur privé sont des femmes).

Enfin, les contrats courts sont davantage utilisés dans la fonction publique pour les personnels les moins qualifiés puisque les ouvriers et employés y sont aussi sur-représentés (contrairement aux cadres et professions intermédiaires).

Dans l’enseignement public, les salariés concernés par les contrats courts représentent 18% des effectifs [3]

Les emplois courts ont progressé depuis 10 ans

16% des salariés étaient employés en contrats courts en 2002 dans la fonction publique contre 12% dans le privé. Le pourcentage de contrats précaires a donc progressé [4] depuis 1990, date à laquelle ils étaient 11% dans la fonction publique et 9% dans le secteur privé.

“Przejscie” (Zbigniew Swiercz, 2006)

Que deviennent les salariés embauchés en contrats courts

11% (fonction publique) et 21% (secteur privé) des salariés en contrat court en mars 2001 étaient au chômage un an plus tard.

Par ailleurs, 13% des contrats courts de la fonction publique travaillent un an plus tard dans le privé. Ce qui signifie que les autres (76%) sont toujours employés dans la fonction publique ce qui semble montrer la pérennité des besoins en emploi au sein des services publics. Pourtant, seuls 20% de ces salariés précaires accèdent au statut de fonctionnaire [5].

Ces chiffres reflètent l’augmentation de la précarité dans le secteur privé comme dans les services publics. Mais, ils ne disent rien du coût social et humain qu’elle implique. La peur du chômage et la précarité sont deux leviers qui ont permis depuis le début des années 1980 de faire porter aux salariés le coût de toutes les transformations sociales et économiques.

Sources :
 16% des agents de la fonction publique en contrat court, en mars 2002